
Ce sein qu’il avait tété dans une vie antérieure, voici maintenant qu’il prend du plaisir à le caresser. Il jouit aujourd’hui de la matrice même par laquelle il était venu au monde, dans une vie antérieure. Celle qui fut autrefois sa mère est aujourd’hui sa femme, et celle qui est maintenant sa femme fut une mère autrefois et le sera de nouveau. Celui qui est aujourd’hui son père sera une nouvelle fois son fils, et celui qui est maintenant son fils sera une nouvelle fois son père. C’est ainsi que les âmes individuelles de ce monde vont et viennent dans la roue des naissances et des morts (Samsara), comme un seau attaché à la roue d’un puits, et s’ébattent dans les trois mondes (27).Yoga Tattva Upanishad (Upanishad des principes essentiels du Yoga)
Traduite et annotée par M. Buttex d’après la version anglaise de K. Narayanasvami Aiyar
"J'insisterai seulement sur le fait que c'est justement cette impossibilité, dans l'introspection, d'une distinction nette entre le sujet et l'objet qui créé la latitude nécessaire pour que la volonté se manifeste." Niels Bohr, Physique atomique et connaissance humaine.
" Pourquoi ne se suicide-t-on pas ? Parce qu’il faut prendre le train, parce que quelqu’un appelle au téléphone, parce que la cloche sonne pour le diner. Rousseau avait tenté vingt fois de se jeter dans l’étang de Montmorency. « Pourquoi ne l’avez-vous pas fait » lui demanda Diderot
« - J’ai mis la main dans l’eau… et je l’ai trouvée trop froide, » lui dit Rousseau au bout d’un temps d’hésitation. C’est ce qui prouve que l’eau tiède est bien plus agréable.
Et pourqui se suicide-t-on ? Par pudeur ; par orgueil, par modestie, par discrétion, par peur de la mort ou des gendarmes ; par lassitude, par vengeance, par plaisir, pour embêter le voisin, ou par curiosité. L’homme-torpille, par patriotisme. Le britannique par spleen. Un écossais se pendit : « trop de boutons à boutonner et déboutonner, je me tue ». C’est une très bonne explication. Il y a trop de boutons dans la vie. Et peut être pas assez de souliers. Ou bien pas assez de métatarses. Certains journaux prétendirent en effet que la femme-tronc s’était tuée par dépit de ne pouvoir porter comme toutes les femmes, les chaussures d’art de Mr Lepicart. Et qui se suicide ? Un peu tout le monde. On se tue pourtant davantage dans les pays où il y a trop de confort. »
Alexandre Vialatte, in Dernières nouvelles de l’homme (chronique du Spectacle du monde)
"Comme un voyageur égaré qui s’avance dans une neige qui, à chacun de ses pas, s’accumule devant lui, devient de plus en plus dense et fait obstacle à sa marche, ainsi la parole éprouve, selon le degré de sa progression, la densité croissante du silence et l’incommensurable mesure de l’absence. Parvenue aux confins de son royaume, à la limite des mondes, épuisée, elle tombe dans la neige et s’y ensevelit comme dans un linceul. Et c’est alors qu’elle sait – elle ne sait rien, elle ne sait que ce rien – ce dont elle ne peut parler, et qu’il lui faut taire."
Jacques Darriulat
Quand les gens sont de mon avis, j'ai toujours le sentiment de m'être trompé.