être est impossible. simplement être. impossible.
ça passe et ça s'efface.
ça se passe intangiblement.
c’est le temps qui manque de tout.
le langage est une barrière, juste bon à rédiger des contrats d’engagement. qui n’engagent d’ailleurs à rien, sinon au pire.
Le langage fait beaucoup de bruit pour rien, c’est cela.
à l’écoute des langues qui déconstruisent les contrats,
on se déploie dans l’imaginaire (je dis « on » parce que sinon je dis « cela » qui ne m’écoute pas, qui n’est pas moi).
l’adieu au langage, l’impossible à ne pas entendre, autre chose, de la langue (toujours) autre qui montre que l’imagination ne se paie pas de mots. elle les prend comme ils passent. comme le temps, qui n’attend rien lui non plus.
n’en finir avec rien, ni personne.
reconduire même l’inconduite.
Du plus au moins, il n’y a qu’un instant. pas même.
en tout rien qu’un instant. peut-être pas en rien.
Tout est immonde, rien n’est au monde.
on accède au vrai par la grande porte du faux.
on en sort croyant échapper au pire, pas plus.
est-ce que ça marche ?
le langage a des limites que la pensée n'a pas.
il fuit de toutes parts.
chaque mot est un naufrage, une épave seule.
tu peux toujours creuser pour en sortir, par le fond. pour te rassurer.
on le sait que tout est sans fond, autant que rien n'est sûr.
loin s’en faut. rien à faire.
parler, c’est prier. plus encore, ne pas parler, c’est prier.
s’en remettre au langage. et ne jamais s’en remettre.
voix de sable, qui s’écoule et fait ainsi le temps, qui crisse sous la dent, dérange la langue, épuise l’écoute.
on le mâche et le rabâche. qu’il sorte ou pas, il nourrit et affame.
on s’en amuse et il joue de nous.
le territoire du dit se recouvre lui-même, il s’ensevelit autant qu’il nous ensevelit.
palimpseste.
le pouvoir des mots interdit du simple fait qu’ils disent. les mots interdisent même ce qu’ils décrivent, dénoncent, dévoient.
Simone Weil nomme calembour la formule d’Héraclite : "Le nom de la flèche est vie, son œuvre est mort."
c’est le trajet qui rend (la) mort.
au moins, les écrits prennent racine. ils se distinguent. sans foisonner forcément, en toute désinvolture, même s’ils résultent de souffrances, indignes surtout.
