Traduite et annotée par M. Buttex d’après la version anglaise de K. Narayanasvami Aiyar
« - J’ai mis la main dans l’eau… et je l’ai trouvée trop froide, » lui dit Rousseau au bout d’un temps d’hésitation. C’est ce qui prouve que l’eau tiède est bien plus agréable.
Et pourqui se suicide-t-on ? Par pudeur ; par orgueil, par modestie, par discrétion, par peur de la mort ou des gendarmes ; par lassitude, par vengeance, par plaisir, pour embêter le voisin, ou par curiosité. L’homme-torpille, par patriotisme. Le britannique par spleen. Un écossais se pendit : « trop de boutons à boutonner et déboutonner, je me tue ». C’est une très bonne explication. Il y a trop de boutons dans la vie. Et peut être pas assez de souliers. Ou bien pas assez de métatarses. Certains journaux prétendirent en effet que la femme-tronc s’était tuée par dépit de ne pouvoir porter comme toutes les femmes, les chaussures d’art de Mr Lepicart. Et qui se suicide ? Un peu tout le monde. On se tue pourtant davantage dans les pays où il y a trop de confort. »
Alexandre Vialatte, in Dernières nouvelles de l’homme (chronique du Spectacle du monde)
"Comme un voyageur égaré qui s’avance dans une neige qui, à chacun de ses pas, s’accumule devant lui, devient de plus en plus dense et fait obstacle à sa marche, ainsi la parole éprouve, selon le degré de sa progression, la densité croissante du silence et l’incommensurable mesure de l’absence. Parvenue aux confins de son royaume, à la limite des mondes, épuisée, elle tombe dans la neige et s’y ensevelit comme dans un linceul. Et c’est alors qu’elle sait – elle ne sait rien, elle ne sait que ce rien – ce dont elle ne peut parler, et qu’il lui faut taire."
Jacques Darriulat
Quand les gens sont de mon avis, j'ai toujours le sentiment de m'être trompé.




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