lundi 14 décembre 2009

Sibonavatars suite



LOBSCENE

Durant une représentation, à la fois messe, performance et rallye politique des moines tibétains du monastère de Tashi Lhumpo, je me demandais ce qu’est LOBSCENE, du latin obscenus, littéralement ce qui est de mauvaise présage. Ce qui est obscène pourrait être ce qu’on étale sans limite et sans censure de nos petites misères et frustrations individuelles, désirs minables, incorrects, infâmes, indécents et indicibles car honteux, en face, à l’encontre de tout le reste.
PHEP SU
(Welcome)
Je suis assis juste en face des immenses trompes Dungchen et j’en prends plein les esgourdes.
KHANDRO THENSUK
(Long Life Prayer)
Les écharpes de prières nous permettront-elles de participer à la compassion globale ?
KHABDRO SEMKYE
(Generating compassion)
Les Dikhinis sont des anges descendus des cinq directions du ciel pour demander au Bouddha de nous abandonner, mais il refuse.
CHOED
(Cutting – Overcome Self-Cherishing)
Imaginez couper des parties de votre corps pour les offrir en nourriture aux démons environnants qui ne cessent de danser tout autant en nous qu’hors de nous. Les trompettes en tibia humain les appellent au festin. Les tambours en calotte crânienne les invitent à se repaître. Les générations se succèdent et il nous faudra bien préparer la succession.

SHA-MA
(Deer and Buffalo Dance)
Je vous invite à vous introduire dans les intervalles des titres des pièces de ce spectacle (et tout particulièrement si vous pensez que ce sont des foutaises) puisque nous sommes condamnés à participer à la dance du cerf et du buffle sous la cloche de l’éternité. Soudain, le silence de John Cage, méditation performée. Nous verrons bien ce que cela donnera et par peur de LOBSCENE nous continuerons à danser masqués.
            DUR DAK
(Lord of the Cemetery)
Les cranes sont décorés comme les sucreries mexicaines, des éventails à la place des oreilles absentes. Jouissons de ce qu’il y a au-dessus de nos os tant qu’il y a quelque chose … LOBSCENE peut aussi se fêter. Du revêtement, on peut aussi en rire.
KUNRIK
(All Knowing)
Chaque geste ou mudra que nous inventerons spontanément, par jeu, nous aidera à nous glisser dans les interstices de l’au-delà de l’air, sous la peau du monde où tout se joue, bien au-delà du « nous », un shaman planqué dans chacun de nos orteils.
  BAKSHI
(Lords of Death)
Peace
Increase
Decrease
Wrath fullness
Sauriez-vous fabriquer votre propre couteau d’obsidienne pour ensuite danser avec et offrir des morceaux de texte à la ronde ? L’amateur est un être multiple. C’est en le découpant, puis le rassemblant que nous saurons le saisir comme l’on verse de l’eau sur un miroir. Le service est un spectacle que l’on essuie, puis que l’on sèche et évente des plumes d’un paon incolore. L’exil intervient pour assurer le retour. En offrant ainsi le tambour de vos tripes, vous satisferez le désir de morts qui vous lanceront sur les routes, toutes les routes.

KANGSO
(Thanksgiving)
TRUSEO
(Purification)
TAKSEL
(The Art of Debate)
SHA NAK
(Black Hat Dance)
SHIJOE
(Prayers of Dedication)

Et c’est pourquoi j’aurais envie de dire que l’amateur nous ramène à ces misères et
ces frustrations pour mieux nous en éloigner, puisqu’en les étalant il les diffuse un peu comme une rivière se perd dans les sables d’un bassin désertique mais aéré car venteux. En cela l’amateur est un augure, ni bon, ni mauvais. Il présage ce que le devenir signifie sans rien dire. Il précipite. Il palpite entre nous. Je vous invite à dévorer les morceaux de ce texte pré-découpé dans la familiarité du remâchage de votre vomi. Les moments que nous pourrons ainsi créer ne seront pas si nombreux que cela. A vous maintenant de jouer sur la scène de ce qui n’est pas vraiment un spectacle : LOBSCENE (il n’est pas ailleurs). Son visage est comme un lion ; son cœur comme une montagne enneigée. Si vous en doutez, entrainez-vous à la danse du chapeau noir. Cachant un arc dans une manche, une flèche dans l’autre, vous tirerez sur le premier symbole passant en plein vol et, une fois abattu, vous vous le soumettrez. Laissez ensuite ouvertes les portes de la bouche du ventre. LOBSCENE y git. Jetez-lui du riz …



2 commentaires:

  1. A lire et relire ( entre la sonnerie du cours de 14 et celle de 15) je mache et remache croyez-vous à lobscene ?

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