jeudi 17 septembre 2009

Je me levais ce matin avec ton idée, Antoine, de
« trinité toulonnaise : incinération, abattoirs, cimetière,
et la chênoise : psychiatrie, gériatrie et prison.
je crois que ça colle à mon désir esthétique et mental,
est-ce que ça vous parle ? »

Tu peux nous en dire plus ?
Je ne peux me faire à l'idée de commenter un univers, par exemple celui qui a été le notre un certain temps, le toulonnais — désolé Den, mais tu feras le paralllèle avec d'autres, dans l'Est de la France j'imagine — commenter un univers, je disais, que par l'un de ses pôles. Vrai que l'incinération des déchets, à ciel ouvert et dans la ville il n'y a pas si longtemps, ses abattoirs, ses cimetières, ses pierres taillées des remparts et ses pins d'Aleps plantés par les bagnards, sont un pendant, même pour l'enfant heureux qui passait par là, à tous les clichés "estivaux" d'un port (mais de guerre) sur un beau littoral méditerranéen.
Je crois que je n'arriverais pas à parler d'un lieu, où je vis en ce moment par exemple, sans en aborder les 2 pôles. J'aurais le sentiment d'une écriture qui battrait de l'aile, au cas où je ne m'en tiendrais qu'à un seul côté des choses : voilà pourquoi Cendrars m'attire plus que tout : jamais l'envers sans l'avers ou l'inverse…
« ça vous parle ? »

14 commentaires:

  1. c'est vrai que j'ai une tendance à l'indéfendable, à désirer défendre l'indéfendable, non pas qu'il soit sans défenses, comme les éléphants par exemple, mais parce que je crois avec Deleuze qu'on écrit, parle… pour quelqu'un ou quelque chose qui nous échappe, dépasse, déplaît peut-être, quelque chose ou quelqu'un que nous ne sommes pas, que nous ne saurions être. Il cite Kafka et Primo Levi, pour la Métamorphose et autres, et pour les Musulmans du Camp de Concentration. Je vous parle de lieux d'où rien de bien articulé ne sort, au mieux du mâchable…
    Merci pour ce texte (ci-dessus) dont je n'identifie l'auteur que grâce à la rareté des intervenants et une certaine connaissance de l'histoire de ceux/celle-ci.
    J'aimerais parvenir à écrire pour les déchets de la société : le "pour" qui veut dire "à la place de ". C'est, là aussi, quelque chose qui me travaille depuis assez longtemps : l'amateur numéro 4 en est truffé de ce désir, sans parvenir à la concrétiser. Une gêne, et sûrement un manque de détermination, peut-être un besoin trop faible à cet égard…
    est-ce que ça commence à répondre à ta question ?

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  2. j'aurais dû m'anonymiser plus tôt…!

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  3. Nous ne chercherons pas à te démasquer

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  4. Phil : mais c'était signé en bas !
    Bon, je comprends ton désir de deviner, humain trop humain. Oui, ça commence à répondre à ta question ; et je ferai un effort pour mieux comprendre ce que tu veux dire :
    tu parles de Primo Levi, je ne sais pas si ça à voir avec quelque chose dont je me souviens — où l'ai-je lu ? où il dit que le seul témoin (ça y est, en écrivant, je me souviens : c'eest un résumé fnac du livre d'Agamben, Ce qui reste d'Auschwitz ; je fais un copié-collé, c'est plus simple :
    «La recherche ici entreprise dans le sillage de "Homo sacer" ne porte pas sur les circonstances historiques dans lesquelles s'est accomplie la destruction des juifs d'Europe, mais sur la structure et la signification du témoignage. Il s'agit de prendre au sérieux le paradoxe de Primo Levi, selon lequel tout témoignage contient nécessairement une lacune, le témoin intégral étant celui qui ne peut témoigner. Il s'agit de ceux qui "ont touché le fond", des déportés dont la mort "avait commencé avant la mort corporelle" - bref, de tous ceux que, dans le jargon d'Auschwitz, l'on appelait les "musulmans". On a essayé ici de regarder cet invisible, de tenir compte des "témoins intégraux" pour l'interprétation d'Auschwitz. On propose, par là, une réfutation radicale du révisionnisme. Dans cette perspective, en effet, Auschwitz ne se présente pas seulement comme le camp de la mort, mais aussi comme le lieu d'une expérience encore plus atroce, où les frontières entre l'humain et l'inhumain, la vie et la mort s'estompent , et, mise à l'épreuve d'Auschwitz, toute la réflexion de notre temps montre son insuffisance pour laisser apparaître parmi ses ruines le profil incertain d'une nouvelle terre éthique : celle du témoignage. En marquer le sujet en tant que reste, tel est le but de ce livre. »
    Il s'agit bien de ça ?
    Quand à l'anonyme qui aurait dû s'anonymiser plus tôt ; rien compris !

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  5. c'est tout à fait ça, cher Philippe. Le mot "reste" est parfaitement approprié de part son ambivalence même. On peut voir quelque part sur cette page qui va friser un jour l'infini, j'espère, les deux volets consacrés au "reste" par la revue Traverse et que je considère comme sous-bassement de l'entreprise amateuriale en cours depuis qu'elle s'est mise en suspens… Restons-en là, pour ce soir (demain je vous dirai à quel point je crois que le débat concerne tout ou presque…)
    Anonymement vôtre.

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  6. et si on jouait… à cache-cache !
    Mais respectons l'anonymat de l'anonyme (j'en ai une petite intuition !) ;
    mais à tout vouloir dévoiler…
    Je vous tanne avec Cendrars ? Eh ben bientôt je vais vous tanner avec Caillois. Aller voir (lire) ce qu'il écrit sur le masque !

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  7. M'Ling, tu devrais aller titiller le Siboun, l'automne arrive, il va s'engourdir ! (il m'a demandé de tes nouvelles…)

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  8. pourquoi ne vient-il pas me chercher ici, dans mon auberge espagnole?

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  9. Je me sens très loin de vos intentions, tellement loin, avec cette impossibilité de nommer Pour Qui, Pour Quoi, j'entreprends ces quelques choses qui me tiennent debout.
    Comme pourrait le suggérer le TAO, dès que quelque chose est nommée, elle n'existe plus, comme l'amour disparaît quand deux amoureux parlent de leur amour....

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  10. peut-être que c'est pour rien, ce rien qui m'occupe autant que le reste…
    mais je crois que tu tiens surtout à te distinguer, ce qui semble assez loin effectivement de mes intentions, je ne peux parler pour celle et ceux qui s'expriment ici, ni pour les intentions ni pour ce qui devrait être dit ou fait et au nom de qui ou de quoi ça devrait être fait.
    l'art de la rupture ne m'intéresse pas, je cherche à faire du et des liens.

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  11. Den, à part le fait d'habiter presque à l'autre bout de la planète, je ne te vois pas si loin de nos (relatives) intentions, puisque tu t'exprimes, et on plaisir à te lire, avec des mots et sur ce medium à liens (je suis te ton avis, Antoine). On peut faire le procès du langage, c'est ce qu'ont toujours voulu faire les religions (qui aiment s'exprimer par sentences closes) qui n'aiment pas trop les mots, ce sur quoi ils mènent, je veux dire une rationalité, la philosophie, l'histoire, l'humanisme, etc. pour faire court.
    Les grands monothéismes ne défendent-ils pas chacun leur livre, l'unique, le seul, le définitif, le transcendant ? Je ne m'en contente pas. Les liens, les ponts, j'aime ça, c'est le travail de l'intelligence, pour tenter de comprendre l'incompréhensible, si on veut le dire comme ça. Peut-être que le résultat ne mène pas plus loin quant à notre capacité de vivre, ou bonheur ou ce que l'on veut, mais j'en trouve l'aventure passionnante comme le fait de marcher pour aller voir plus loin, mais aussi par plaisir du mouvement. Je respecte le zen et la méditation, mais me sacrifier (ou sanctifier) dans l'immobilité, pour d'autres temps !

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  12. Den, j'avais le sentiment que tes préoccupations ne sont pas si loin de ce que j'évoque : ostracisme médical, cimetière, séparation du bon grain et de l'ivraie, etc.
    je crois qu'on pourrait trouver comment s'accorder, y compris dans le désaccord, dans l'harmonie discordante.
    Fut un temps où tu trouvas plaisant d'être traîté avec d'enculeur de mouches…

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  13. Sans doute ne suis je pas si éloigné dans mes préoccupations, c'est même certain, mais je suis loin de la verbalisation et du bon usage du discours qui m'ennuie en général rapidement.
    Je ne cherche pas non plus à me distinguer sur ces points, mais le verbe comme seul instrument se prête à mes oreilles plus à la poésie, aux romans et à la gouaille quotidienne, qu'aux essais qui n'arrivent pas à me tenir éveillé. C'est chimique chez moi.
    C'est ce point que j'ai maladroitement habillé du mot "intention".

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